Imani*, commerçante et membre active d'une association villageoise
PROCESSUS DE SUIVI PSYCHOSOCIAL ET GROUPEMENTS AVEC MIS EN PLACE PAR LE PROGRAMME RESILAC : LOCALITE DE MAZI, COMMUNE DE KOZA, CAMEROUN
En Octobre 2020, l’équipe SMPS-GP d’ACF reçoit Imani dans le cadre de la prise en charge des psychotraumatismes dans la localité de Mazi.
Agée de 33 ans, Imani est une femme mariée avec 6 enfants. Elle vit avec sa famille dans le village Mazi. Avant l’arrivée de cette situation difficile qui est l’insécurité causée par les groupes armés organisés (GAO), elle vivait aisément avec sa famille, car ils étaient nantis en biens matériels. Son conjoint partait au Nigéria à la recherche d’activités de manœuvre. Elle, à son tour, était occupée dans les activités champêtres et l’élevage, accompagnée et soutenue par ses enfants. En ce temps, les récoltes étaient abondantes car la mise en terre était aussi importante : tout était merveilleux, déclare-t-elle.
Aujourd’hui, c’est tout le contraire car la vie est devenue de plus en plus rude.
« Avant, les parcelles de terres cultivables étaient moins chères et l’on trouvait facilement un champ à louer. Avec une somme de 3000 FCFA, tu pouvais avoir 1 quart d’hectares à cultiver et la productivité rassurante. En 2009, j’ai eu à cultiver 1 quart et j’ai récolté huit sacs de mil rouge. Mais actuellement, trouver un champ devient problématique, car la démographie a augmenté vue le nombre de déplacés et de plus, la récolte n’est pas du tout satisfaisante. Nos terres sont exploitées à fond. Avec 1 quart cultivé, tu n’obtiens qu’un sac et demi de mil par exemple ; c’est pas du tout galvanisant. »
De plus, son mari n’a plus accès à ses zones de travail pour cause d’insécurité. Face à cette situation de précarité économique, l’entente autrefois présente au sein du couple a disparue ; les conflits règnent tout le temps. Imani souligne aussi que le fait qu’ils partent dormir en montagne chaque soir pour se mettre en sécurité, expose toute sa famille et elle aux diverses maladies, comme le paludisme et la toux parce qu’ils dorment à l’air libre.
Imani ressent donc un énorme découragement, n’a plus le goût de rien et ne sens pas la force psychique d’entreprendre des initiatives pour essayer de sortir de la situation économique précaire dans laquelle elle se trouve. Elle ne parvient plus à envoyer ses enfants à l’école comme avant, et même les soins médicaux sont difficilement résolus d’où son anxiété.
L’équipe SMPS-GP propose à Imani un suivi groupal pour l’aider à retrouver confiance en ses potentialités et en ses capacités de mettre en œuvre des projets viables. Un travail autour de son estime de soi, a donc été mis en place tout au long des séances de suivi.
Aussi elle a pu faire le lien entre son passé, son présent et son avenir, ce qui lui a permis d’arriver à développer de nouveau comme avant, des idées d’Activité Génératrice de Revenu (AGR) qu’elle pourrait mener.
Aujourd’hui, grâce l’AGR qu’elle a mise sur pied, qui consiste à faire du « bayam-sellam » c’est à dire « acheter en gros des marchandises et les revendre en détail » tels que : maïs, arachides, niébé, mil, volailles tous les jours du marché au bord de la route, elle envisage déjà payer les frais de scolarité de ses enfants. Son époux l’encourage et imite déjà le bon exemple, dit-elle, en cherchant une AGR qu’il pourra lui aussi mettre sur pied.
Actuellement membre de l’Association Villageoise d’Epargne et de Crédit (AVEC) mis en place au sein de son groupe de suivi, elle produit une épargne, qu’elle souhaite investir très bientôt pour diversifier ses revenus :
« Je peux réaliser un bénéfice de 5 à 6 mille francs quand le marché est bon ».
Sa relation conjugale s’est amélioré, et les disputes sont beaucoup moins régulières. Elle avoue en avoir voulu à son mari lorsque leur finance se sont dégradées, mais grâce à l’accompagnement, elle a compris que rien n’était de la faute de son mari, et qu’au lieu d’attendre que ce soit forcément lui le pourvoyeur de fonds, qu’elle pouvait être elle aussi un maillon fort pour la prise en main des difficultés de sa famille.
Les mots de remerciement ne cessent de s’adresser à l’égard de l’équipe SMPS et du projet RESILAC en ces termes:
« Grâce à votre accompagnement, j’ai repris le bon chemin, maintenant, avec le peu que je rapporte, ma famille est redevenue soudée, nous mangeons à notre faim et je parviens à épargner un peu. L’équilibre que j’avais perdu est revenu à la normale. C’est à présent que je comprends cet adage qui dit souvent : « L’homme n’est rien sans son semblable, vous m’avez appris à pécher du poisson, même en votre absence, je saurai de quoi m’en servir, pour subvenir à mes besoins. Merci à l’équipe SMPS ».
Si jamais, tout va de l’avant, elle projette l’ouverture d’un petit restaurant au niveau du carrefour de Mazi dans quelque mois.
* Le prénom a été modifié.