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L'agriculture innovante pour lutter contre le réchauffement climatique

Dans la province du Lac au Tchad

Une région qui souffre du manque d’irrigation des cultures

La crise sécuritaire qui sévit dans la région du lac Tchad depuis 10 ans a profondément modifié la répartition de la population et précipité des évolutions qui étaient déjà à l'œuvre dans la zone sahélienne[1]. Ainsi, les mouvements de population de la zone insulaire du lac en proie aux attaques des Groupes Armés Non Etatiques (GANE), vers des zones moins humides et moins fertiles, ont eu pour conséquence une forte exploitation des ressources naturelles par les populations hôtes et déplacées à la recherche de moyens de subsistance.

Ceci entraîne également des évolutions inattendues, comme la modification climatique des zones humides, où la pression anthropique[2] a considérablement chuté. Ces zones sont également prises de contrôle par des groupes armés : ceux-ci taxent l’accès aux ressources naturelles.

Victimes de ces désastres, les populations sont en première ligne touchées et l’accès à l’eau reste une préoccupation majeure, tant pour la production agrosylvopastorale que pour la consommation humaine. En effet, dans la zone, les maladies hydriques font partie des premières causes de mortalité des enfants de moins de 5 ans.

Les problèmes d’accès à l’eau entraînent aussi une forte insécurité alimentaire, du fait de la faible production agricole (forte dépendance aux pluies) et des faibles revenus des ménages de la zone :  ceux-ci sont essentiellement issus de la vente des surplus agricoles.

Malgré tout, le projet RESILAC a mené plusieurs études, tests et formations sur les potentialités d’introduction des pratiques agricoles innovantes et adaptées au changement climatique au Tchad, dans les cantons Nguélea 1 et 2, Bol et Ngarangou de la Province du Lac[3]. Dans cette région, majoritairement habitée par des ménages agricoles et agropastoraux, les activités de productions agricoles sont confrontées à des contraintes telles que :  

  • Un faible accès aux intrants agricoles de bonne qualité ;

  • Un faible accès aux innovations agricoles ;

  • L’absence d’encadrement technique qui permettrait de mieux contrôler les effets des attaques des ravageurs, des mauvaises herbes, et des maladies sur la production ;

  • L’absence de réglementation régissant la divagation des animaux dans les zones de production agricoles ;

  • L’ensablement continu des polders[4], en raison de l’excès de vent et de l’absence de dispositif de protection biologique des polders.

 

Afin de mieux répondre aux besoins des populations bénéficiaires des activités d’ amélioration de leur production, une étude sur les pratiques innovantes endogènes[5] et exogènes a été conduite par RESILAC.

Les résultats de l’étude ont permis de mieux connaitre les pratiques existantes, ainsi que leurs limites, et de proposer des solutions idoines. C’est en ce sens que des sites expérimentaux, pour tester et diffuser des innovations, ainsi que des Champs Ecoles Paysans[6], pour renforcer les connaissances et pratiques culturales, ont été mis en œuvre.

Dans la zone des polders : un système d’irrigation solaire efficace

Les forages avec pompes solaires ont pour objet de permettre l’irrigation efficiente des cultures irriguées en exploitant une énergie potentielle gratuite : l’énergie solaire !

 

Ce type de forage est constitué d’un équipement spécial permettant  la production et la distribution d’eau pour l’irrigation des cultures maraîchères[7]. Il est innovant car il met à disposition une source d’énergie pour l’équipement d’exhaure (il s’agit de l’énergie solaire produite à l’aide des panneaux), ainsi que plusieurs tuyauteries de distribution de l’eau qui vont directement dans les parcelles d’irrigation.

 

Les avantages de ce système sont un coût d’exploitation faible, une facilité d’entretien lorsque les communautés y sont formées, une source d’énergie propre et autonome, et une économie de l’eau d’irrigation à travers la réduction de la perte de l’eau par infiltration, grâce aux tuyauteries de distribution de l’eau.

 

A ce sujet, Mahamat, un cultivateur de 49 ans qui réside dans la commune de N'Garangou, au Tchad, a participé à un processus d’apprentissage de nouvelles techniques agricoles, dispensé sous forme de Champ Ecole Paysan.

 

« Avant le projet RESILAC, j'étais un Maître communautaire. Je faisais du maraichage mais de manière traditionnelle sans beaucoup de techniques. Le projet RESILAC est alors arrivé dans ma région, et a aménagé un site maraîcher de Ngarangou. J’ai décidé de m’inscrire à des ateliers d’un Champ Ecole Paysan, au cours desquels on nous a enseigné de nouvelles techniques agricoles. Par le passé, il nous était impossible de faire du maraîchage dans de grandes superficies. Mais depuis, grâce à l'installation du système d'irrigation solaire qui fait jaillir de l'eau à tout moment, nous avons réussi à faire du maraîchage sur plus de 4 hectares ! »

[1] Brochure « Impacts contrastés de la crise sécuritaire sur les situations foncières dans la région du Lac Tchad » Octobre 2020

[2] Anthropique : se dit d'un paysage, d'un sol, d'un relief dont la formation résulte essentiellement de l'intervention de l'homme.

[3] Rapport de l’étude sur les potentialités d’introduction des pratiques agricoles innovantes et adaptées au changement climatique dans le canton NGuéléa 1 et 2, cantons Bol et NGarangou dans la province du Lac Tchad, Avril 2020

[4] Le polder est une vaste étendue endiguée et asséchée, conquise sur la mer, sur les marais littoraux ou sur les lacs, située à une côte inférieure au niveau maximal du plan d’eau

[5] https://www.resilac.net/recherches: Revue sur les « Impacts contrastés de la crise sécuritaire sur les situations foncières dans la région du Tchad » à télécharger

[6] Il s’agit un groupe de 20 à 25 personnes se réunissant une fois par semaine pour cultiver une parcelle de formation tout au long d'une saison de culture et apprendre ensemble à résoudre des problèmes de production], aux cultivateurs et producteurs de la région.

[7] Fiche technique : Forage avec pompes solaires pour le maraîchage, au Tchad, Avril 2020

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